Prendre

Prendre

Prendre le train en marche sur un quai dans la brume

Prendre des nouvelles de combattants anciens

Prendre la route dans l’à peine soir fragile

Prendre les pompes funèbres pour des souliers en deuil

Prendre l’ascenseur et descendre aux Enfers

Prendre la fuite par peur du plombier

Prendre une décision et ne pas s’y tenir

Prendre les escaliers pour atteindre les sommets

Prendre rendez-vous pour prendre soin de soi

Prendre du plaisir en caressant ses hanches

Prendre l’avion au vol et se laisser planer

Prendre un verre d’Océan pour réchauffer son sang

Prendre son élan pour sauter ses tourments

Prendre le Soleil pour faire dorer sa plume

Prendre des vitamines et voir la vie en rose

Prendre à bras le corps nos nuages en chaleur

Prendre par derrière, se retrouver devant

Prendre un Doliprane pour endormir son crâne

Prendre un coup de froid et le garder au chaud

Prendre le melon et les gens pour des cons

Prendre la parole et n’avoir rien à dire

Prendre un bol d’air, y tremper sa tartine

Prendre la Lumière, ne pas vouloir la rendre

Prendre une fosse septique pour une vraie pessimiste

Prendre un tramway qu’on appelle Désir

Prendre une claque, paf !  Et tendre l’autre joue

Prendre son téléphone et tisser un coup de fil

Prendre un ticket gagnant pour partir sur la Lune

Prendre la Bastille sur un air d’Opéra

Prendre le dernier métro, la nuit, dans Paris

Prendre un tabouret, s’asseoir au Père Lachaise

Prendre son vélo, pédaler dans Bordeaux

Prendre un petit café et, elle, un allongé

Prendre une enfant bleue, esquisser son chemin

Prendre une douche d’Or, mouillé de ses soupirs

Prendre sa voiture ronronnant le bitume

Prendre racine là, on ne sait pas pourquoi

Prendre sa vie en main sans savoir quoi en faire

Prendre le bateau, ivre, divagué par la houle

Prendre cher payé pour un mot de travers

Prendre un bain de foule grouillante solitaire

Prendre ses vessies pour pisser des lanternes

Prendre ses désirs fous pour sa Réalité

Prendre sa moto pour s’envoyer en l’air

Prendre un raccourci qui sent bon le détour

Prendre du recul pour y voir de plus près

Prendre l’air là-haut et le donner en bas

Prendre ses jambes à son cou, si nacré et si doux

Prendre le large enfin, nous deux entrelacés

Prendre des saveurs, des images et des sons

Prendre le temps de vivre et le temps d’aimer

                    Prendre son temps,

                              Prendre tout son temps

                                       Et comprendre juste une fois, le sens de tout ça…