Deuil
Ici c’est tout petit
La montagne est tombée
D’en haut comme une graine
Violée par un vent mauvais
Ici faut pas être grand pour tenir
Debout sans se cogner la tête
Dans le froid du soleil qui emballe
Le ciel en cadeau cicatrice
Ici l’océan est une mare de boue et fuit
Comme une vieille peau usée
Harassé de trop de coups de reins
De giclées d’écume de vagues assassines
Ici ça sent souvent une odeur de pourri
De pourri du dedans du dedans de la Mort
Qui ronge et dévore chaque jour un peu plus
La charogne en offrande au retour dans le Ventre
Ici c’est là qu’on vit c’est là qu’on souffre
Qu’on pleure qu’on sourit qu’on fabrique
Des rêves béquille qui nous tiennent
Voûtés courbés dans nos larmes en satin
Ici on attend qu’une main se tende
Pour y poser sa tête déposer
Ses armes son cœur son souffle
Et laisser son âme se fondre dans l’Immense